Religió i democràcia
01/09/1997
Text presentat en un col·loqui internacional convocat per la Comissió de Cultura i Educació del Consell d’Europa el setembre de 1997 a Antalya (Turquia)
LIBERTÉ DE CONSCIENCE, RELIGION ET DÉMOCRATIE: DIX PROPOSITIONS
M. le Président, Mesdames et Messieurs:****Je voudrais d’abord remercier sincèrement l’invitation de cette Comission de la Culture et de l’Education du Conseil de l’Europe à participer à cette réunion sur une question tout à fait fondamentale pour l’avenir des sociétés démocratiques, et en particulier de la société démocratique européenne et les pays prochains. Autour de cette Méditérranée ont trouvé leur origine trois des plus importantes religions du monde. Et encore, dans ce même berceau -à côté de nous aujourd’hui- on a vu la naissance de la pensée libre, c’est-à-dire de l’effort philosophique ou scientifique -identifiés à l’origine- et spécialement de la pensée et la pratique de la démocratie.
La complexité
-positive, sans doute- de l’évolution historique nous pose aux citoyens
actuels plusieurs questions que ni la Religion ni la Philosophie politique des
temps éloignés avaient même pas entrevues. La croissance et la définition
précise des droits fondamentaux dans les systèmes démocratiques,
l’accumulation dogmatique et la forte institutionalisation et même la
politisation occasionelle des différentes religions, le progrès technologique
géneral et de toute sorte de communications, les importants mouvements
migratoires du présent et du prochain avenir constituent la principale partie
des ingrédients d’un problème sur lequel je vous présente -sans prétension
d’épuisement- dix propositions, plus prochaines de la réflexion que de la
recommandation, évidemment ouvertes au débat, avec l’espoir de contribuer à
l’objectif de l’amélioration et l’extension des droits de l’homme, de chaque
femme ou homme individuel, quel qu’il soit son origine, sa culture, sa
religion ou son régime politique. DIX PROPOSITIONS1.- La religion,
c’est une legitime expression des croyances sur le sens de la propre existence
humaine et une construction symbolique personnelle et communautaire et ne peut
être que respectée et protégée par la démocratie. Au même temps, la
démocratie, c’est l’unique régime politique -toujours imparfait, mais toujours
améliorable- dans lequel la religion peut se dévélopper en situation de
liberté et d’équilibre, sans être ni dominé ni dominante.2.- L’égalité, une
des valeurs essentielles de la démocratie, doit être préservée entre les
religions elles-mêmes et entre elles et le système social: si une religion se
situe officielment par dessus les autres, les hypothétiques croyants de ces
dernières seront citoyens de deuxième catégorie; si une religion impose ses
dogmes ou ses normes de vie au système politique, évidemment tous les citoyens
déviendront des victimes d’une théocratie et pas des citoyens d’une
démocratie.3.- Le sens profond de la démocratie, c’est l’autonomie du citoyen
individuel, la possibilité réelle de développement de toutes ses capacités
personelles et sociales, parmi lesquelles la croyance religieuse et la
participation politique comme deux des plus importantes. La question centrale,
au fond, c’est la plénitude de la liberté personnelle, dont la prémière
façon, c’est la liberté de conscience, sans laquelle la participation
démocratique n’aurait aucun sens: on ne peut pas participer vraiment en
démocratie si on ne peut avoir la liberté la plus intime, de penser ou croire
par soi- même sans aucune interférence imposée.4.- Du point de vue
juridique, les sens principaux de la liberté en matière de religion peuvent se
comprendre, selon le juriste espagnol Peces-Barba[i]
, comme: un
droit-autonomie -ou droit à la non interférence des autres-; un droit
exclusivement concernant la conscience religieuse; un droit face à l’État et
face aux grandes Églises; un droit qui peut s’étendre aux pratiques externes
de culte; et un droit comme reconnaissance du pluralisme religieux. Mais la
liberté de conscience n’est pas seulement un droit; c’est aussi un dévoir,
même pour les Églises par rapport à ses propres croyants. C’est toujours, pour
les croyants et les non-croyants, le droit à la permanente formation critique
de la propre conscience.5.- Malgré la justification et la compréhension rationnelle du droit à
travers des arguments de valeur universelle ou intemporelle, on ne peut pas
ignorer que l’apparition de ce droit est liée à des événéments historiques
concrets -les guerres de religion en Europe occidentale au temps de la
naissance de la modernité- et que ce serait tout à fait injuste de méconnaître
la nécessité de respecter les procès historiques actuels dans les pays avec
une forte tradition théocratique. Mais la reconnaissance de l’historicité
-cela veut dire la différence de procès selon le pays- et un certain “droit à
la propre évolution” ne limitent pas la possibilité d’exprimer les propres
convictions d’ordre juridique, philosophique et même religieux et la pratique
du dialogue, tel qu’il a été proposé et commencé à Paris en 1989 entre les
religions d’Orient et d’Occident par Hans Küng[ii]
, catholique,
Mohammed Arkoun, musulman, Eugène Borowitz, juif, Masao Abe, budiste, Claude
Geffré, chrétien, Liu Shu-sien, confucianiste, et Bithika Mukerji,
hindouiste.6.- On trouve deux niveaux de problèmes entre religion et démocratie:
le niveau institutionnel et le niveau personnel. Les
problèmes institutionnels -subvention économique des Églises, coopération
éducative ou sociale, questions protocolaires, etc.- sont toujours secondaires
o instrumentales vis-à-vis des problèmes personnels: c’est à dire, que s’il
existe vraiment la liberté de conscience -chaque citoyen peut vivre sans
recevoir des pouvoirs publics aucune imposition ni même pas d’orientation de
signe religieux- alors les problèmes institutionnels n’ont pas la gravité
qu’ils peuvent avoir s’il n’existe pas d’authentique liberté de conscience des
individus. La gravité des problèmes institutionnels, ce n’est que la gravité
provenant de la manque de liberté des individus. On parle toujours de la
liberté de conscience: et la conscience, comme fait spirituel, et la conduite
personnelle dérivée, ne peut pas se confondre avec l’éxigence d’organisation
de la vie sociale, qui doivent être adoptées par les voies ordinaires de la
démocratie sociale et politique. Devant une situation de conflit entre
éxigences externes de motivation religieuse et l’organisation sociale, on doit
chercher le dialogue et, s’il n’est pas possible le consentement, la solution
majoritaire; et tout ensemble sous le principe de la préservation integrale de
tous les droits fondamentaux.7.- L’analyse des conflits entre religion et
démocratie n’a qu’un seul critère de qualité pour sa solution: le critère du
maximum de liberté de conscience pour tous les citoyens. Ni une religion ni
un régime politique -même et spécialement démocratique- ne peuvent faire la
défense de valeurs en contradiction ou limitation de la liberté de conscience
des citoyens individuels. Si l’on considère surtout que la liberté de pensée
ou de conscience jamais ne peut être délictueuse par soi-même, parce qu’elle
n’a aucune capacité de faire mal à personne. D’autre façon, c’est la condition
fondamentale pour le dévélopement d’une vie libre, c’est la “prémière des
libertés”. De son intégrité dépend la possibilité radicale
des autres libertés -association, expression, manifestation,
participation politique, etc.-.8.- Quand on parle de liberté de conscience et non
pas seulement de liberté de croyance on cherche à établir la condition
pareille de la liberté de croyance religieuse et de croyance non religieuse ou
idéologique. C’est à dire, que la liberté qui a pour objet une croyance
religieuse et celle qui a pour objet un projet de vie sociale sont pareilles
et ont la même dignité, parce qu’elles sont toutes les deux l’expression de la
plus intime conviction sur le sens de la vie humaine. Cela fait que les
régimes démocratiques ne peuvent pas donner aux religions plus de
reconnaissance ou de droits que ceux qui ont les groupements idéologiques,
comme les associations culturelles, civiques, les ONG ou même les partis
politiques ou les syndicats de travailleurs. 9.- Les démocrates du monde, même les athées, les
agnostiques ou les laïcistes militants, doivent reconnaître que ce n’est pas
le même la religion que la manipulation intéressée de concepts, traditions et
sentiments religieux, de la même façon qu’on ne peut pas confondre ou mêler
une idéologie ou une nation avec le terrorisme qui utilise son nom. D’un point
de vue général, au regard des thèses comme celles de Huntington, selon
lesquelles les conflits mondiaux de l’avenir seront produits par les chocs des
civilisations, dont la définition et la responsabilité c’est principalement
religieuse, je pense que c’est plus vraisemblable la thèse de Mohamed Abed el
Jabri, pour qui les vrais conflits de l’avenir -comme du présent- seront
conflits d’intêrets[iii]
. La responsabilité
des religions ne peut pas être établie par un a priori
simplificateur.10.- Je me démande, enfin, ce que peut faire la démocratie pour la
religion et la religion pour la démocratie et si elles ont des points de
coïncidence pour faire plus faciles leurs rapports. Permettez-moi d’énoncer
brièvement des points qui, sans doute, ont besoin d’un plus grand
dévéloppement.La démocratie pour la religion:1. Reconnaître constitutionnellement le fait
fondamental individuel et communautaire de la religion.2. Donner status
légal à toutes les légitimes expressions sociales dérivées de la religion, par
exemple, l’objection de conscience ou les programmes de
coopération.3. Garantir, en théorie et à la pratique, le pluralisme éthique et
religieux de la société. 4. Punir avec la loi toutes les formes évidentes d’abus antipersonnels
et antisociaux de certains groupes qui cherchent la couverture de la religion
sans respect à la pleine liberté de conscience des individus.La religion pour la
démocratie:1. Être ouverte à toutes les formes du dialogue: intern, avec d’autres
religions et, spécialement, avec la société, la science, même la
politique.2. Respecter vraiment la conscience et la responsabilité de ses propres
croyants et prêcher et pratiquer la tolérance par rapport aux
autres.3. Enseigner sans dogmatisme, prêcher sans haine, pratiquer le
prosélitisme sans tromper.4. Donner à la société des orientations de conduite
fondées sur une éthique ferme et solide.Quatre points de coïncidence entre
religion et démocratie: 1. Le protagonisme central de la personne, la
reconnaissance de sa dignité radicale.2. La nécéssité de produir des conduites
individuelles et sociales pour faire réel le respect à la dignité
humaine.3. L’importance de
certaines valeurs, telles que la bonté, la justice, la solidarité, la
paix.4. La valeur de la communauté même.
Merci beaucoup, M.
le Président, Mesdames, Messieurs.
**Joan Manuel del
Pozo**Girona-Antalya, septembre 1997**
[i]
.PECES-BARBA, Gregorio, “Algunas reflexiones sobre la libertad
ideológica y religiosa”, dans IBAN, Ivan C. -coord.- *Libertad y derecho
fundamental de libertad religiosa, *Madrid, Editoriales de Derecho Reunidas,
1989, p. 53-75
[ii]
.KÜNG,
Hans, Proyecto de una ética mundial, Madrid, Ed. Trotta, 2ª ed. 1992, p.
118
[iii]
.ABED
EL JABRI, Mohamed, “Choc de civilisations ou conflit d’intêrets?”,
*Confluences Méditerranée, *num. 16, hiver 1995-96, p. 31-38